samedi 18 février 2012

L'incroyable destin de Harold Crick

   Je ne remercierai jamais l'individu (qui, je suppose, tient à garder l'anonymat) (et sinon, c'est le même prix) qui, dans une floppée de films, nous a remis celui-là. Loin, bien loin des films d'action bas du front et autres neuneuteries qui composaient notre pain quotidien à l'époque, il me tendait ses petites mains, mais le son pourri a fait que je ne l'ai découvert que récemment. Et j'ai bien, bien regretté de ne pas l'avoir vu plus tôt. Et ce film miracle qui m'a fait couiner comme un jouet pour chien, c'est L'incroyable destin de Harold Crick (Stranger than Fiction en VO).


   Réalisé par Mark Forster, qui est également responsable entre autres de Neverland, Quantum of Solace, et les Cerfs-volants de Kaboul, et qui nous prépare un film de zombies avec Brad Pitt (insérer ici des cris de fangirl hystérique), et sorti en 2006, ce film raconte l'histoire d'un agent de l'IRS sans histoires, dont la vie va complètement changer un jour, alors qu'il commence à entendre une narration...

   Les acteurs :

- Will Ferrell (Allen Gamble dans Very Bad Cops, et il est apparu dans Jay et Bob contre-attaquent, Ma sorcière bien-aimée, et Frangins malgré eux) est le Harold Crick éponyme. Il mène une vie parfaitement paramétrée, au point de compter le nombre de fois et le sens dans lequel il se brosse les dents. Autant dire, un joyeux drille, et la quintessence du héros de film racontant une vie complètement bouleversée.

To brush, or not to brush, that is the question. 
Whether 'tis Nobler in the Teeth to suffer
The Cavities and Aches of outrageous Candies,
Or to take Arms against a Sea of toothpaste...

- la montre de Harold Crick. Non, je ne yoyote pas de la mansarde, la montre de Harold Crick, sur laquelle il règle toute sa vie, est un personnage important du film. Mais je ne sais pas par quelle montre elle est jouée, ceci dit.

- Emma Thompson (Beaucoup de bruit pour rien, Raison et sentiments, Nanny McPhee dans le film du même nom, Charlotte-la-mère-du-héros dans Good Morning England que je vais disséquer un jour parce qu'il roxxe, le Professeur Trelawney dans les Harry Potter) (et on me glisse dans l'oreillette qu'elle a deux Oscars sur son étagère, c'est pas rien) est Karen Eiffel, une romancière qui lutte pour écrire son nouveau roman et tuer son personnage. Mais qui peut-elle bien vouloir tuer ? (ha ha, le suspense en mousse !)

- Dustin Hoffman (lister tous ses films seraient trop long, je me contenterai de lancer Little Big Man, les Chiens de Paille, Marathon Man, Kramer contre Kramer (avec gain d'Oscar), l'inoubliable Rain Man (et un autre Oscar), le capitaine Crochet dans Hook, Neverland, la Conscience de Jeanne d'Arc, Mr Magorium dans Le merveilleux magasin de Mr Magorium, et je me limite) est Jules Hibert, professeur de lettres, vers lequel Harold Crick se tourne en désespoir de cause, et qui va tenter de l'aider à démêler toute cette pelote de bizarreries. A sa manière. Autant dire que ça va être épique.

- Maggie Gyllenhaal (Liz Darko dans Donnie Darko, Allison dans World Trade Center, Rachel dans The Dark Knight, Isabel dans Nanny McPhee et le Big bang) est Ana Pascal, une pâtissière-révolutionnaire en guerre contre le fisc, les impôts et l'utilisation de son argent, et qui va tomber sur le dos de Harold Crick comme la misère sur le pauvre monde, pour lui mener la vie TRES dure.

 La lutte finale qui présente bien.

- Queen Latifah (qui s'est fait un nom dans le monde de la musique avant de tourner dans tout un tas de films comme Sphère (Alice), Chicago (Mama Morton), Scary Movie 3, ou encore la version américaine de Taxi (ze héroïne)) est Penny Escher, une assistante dépêchée auprès de Karen Eiffel pour l'aider à finir son roman. Autant dire qu'elle ne s'attend pas à devoir aider une hurluberlue pareille, et qu'elles vont se donner du fil à retordre...

- et je citerai encore Linda Hunt, qui joue un autre psy consulté par Harold Crick, qu'on a déjà vu dans tout un tas de trucs, de Dune à FBI portés disparus, et que vous connaissez probablement parce que c'est la coordinatrice de l'équipe dans NCIS : Los Angeles.

 La création en marche (enfin assise, mais en marche, vous m'avez comprise).

   Le résumé :

   Comme vous l'avez compris, Harold Crick a une vie passionnante. Le genre où tout est calibré à la minute près à l'aide de sa fidèle montre bracelet, où il n'y a aucune place pour l'imprévu, l'inattendu, ou l'aventure. Une vie de travail solitaire. Et Harold Crick est très content comme ça, avec sa vie bien dans des petites cases. Tout serait pour le mieux dans le meilleurs des mondes, sauf que comme toute bonne histoire, arrive l'élément perturbateur !

 Les maths, c'est la vie !

   Cet élément perturbateur, c'est, vous l'aurez compris, une voix qui se fait entendre. Et que, bien sûr comme il se doit, il est le seul à entendre. Au début, bien sûr, il passe pour un dingue à tenter de communiquer avec (comique de situation). Dans le même temps, il se retrouve à devoir aller passer au crible les comptes d'une pâtissière anarchico-communiste légèrement secouée, qui voit en lui un suppôt de l'empire capitaliste (alias le Démon) (ou quelque chose comme ça). Et pour en rajouter une couche, voilà que la voix lui annonce sa mort prochaine. Autant dire que les choses ne vont pas être faciles.

   Pendant ce temps, Karen Eiffel tente de trouver un moyen de tuer Harold Crick (ceci n'est pas un spoiler, c'est dit à sa deuxième minute de présence, environ). Malheureusement, l'inspiration ne vient pas, au grand dam de l'auteuse, qui se voit en plus fournir par ses éditeurs une assistante dans le but d'accélérer les choses. Autant dire que ce n'est pas gagné. 

   Plusieurs visites à des psychologues divers et variés laissent Harold convaincu à moitié qu'il est atteint de schizophrénie. Personne ne veut croire qu'une voix raconte ses aventures et prévoit sa mort. En désespoir de cause, l'une des psy l'envoie vers un professeur de littérature qui pourra peut-être l'aider à démêler tout ça. C'est là que le quota classe fait un bond avec l'arrivée de Dustin Hoffman. Qui va, après un moment pour le convaincre d'aider, va tenter de déterminer si Harold est bel et bien dans une histoire, et quel genre : comédie ou tragédie ?

 Non, je ne suis jamais seul avec ma solitude...

   Et ainsi, de conseils pour découvrir dans quelle histoire il est ("ne faites plus rien") en changements de mode de vie, en passant par Ana Pascal pour laquelle il commence à éprouver un petit sentiment (euphémisme pour "intense passion") et Karen Eiffel qui continue ses recherches bizarres pour son roman, Harold mourra-t-il à la fin de la tragédie, ou finira-t-il heureux dans une comédie ? Qu'amènera le point final ?

   Les détails :

   Image : en général, j'apprécie les films bien tournés. Donc si j'apprécie ce film, il est bien filmé. Logicité implacable. Donc Harold Crick est bien filmé, bien cadré, bien lisible, surtout que bon, l'absence de films d'action rend les choses plus faciles à regarder. Le générique et ses graphiques et chiffres superposées à une journée type de Harold Crick sont une petite touche agréable à un film qui contient une quantité invraisemblable de chiffres.

 Pour des raisons de classe, la minute fanservice Emma Thompson, 
en toute simplicité.

   Musique : signée par Britt Daniel et Brian Reitzell, qui sont respectivement responsables du groupe de rock Spoon (dont une chanson est apparue dans Cloverfield), et de BO comme 30 jours de nuits, Virgin Suicides, Lost in Translation et Marie-Antoinette. J'avoue qu'elle ne m'a pas laissé un souvenir impérissable, même si au dernier regardage, elle m'a paru plutôt sympathique. Si on excepte bien sûr Whole Wild World de Eric Goulden, une chanson punk qui constitue un choix bien peu commun pour une scène d'amour, mais enfin, c'est juste mon avis. Et, sur la fin, la présence du magnifique morceau La petite fille et la mer, de Vangelis, que j'aime fort, fort, fort. 

   Interprétation : disons-le tout net : L'Incroyable destin de Harold Crick ne serait pas le même avec d'autres acteurs. Il y a tout d'abord Will Ferrell et sa tête de grand nounours (et il est grand pour de vrai, 1m91 au garrot, c'est du bon morceau !), qui joue Harold Crick le contrôleur des impôts en lui prêtant une sorte de candeur et d'honnêteté qui colle parfaitement au personnage. Maggie Gyllenhaal qui est parfaite en pâtissière tatouée en révolte contre le système, et qui n'en rajoute pas contrairement à certaines autres que je ne citerai pas, dans un jeu tout en nuances. Emma Thompson interprète son personnage d'écrivain de manière décalée, curieuse, et je dois bien le dire, assez attachante dans sa bizarrerie, soutenue par son duo avec Queen Latifah qui s'en sort très bien en assistante qui subit ses bizarreries bien malgré elle. Mais mon préféré, mon chouchou, c'est Dustin Hoffman. Il transpire le talent par tous les ports de sa peau, et traverse le film avec une aisance incroyable, donnant à son personnage sa classe et son affabilité qui me le fait préférer à tous les autres.

 De la classe en barre, je vous dis. Tout simplement pétillant !

   Encore un point, mais il s'agit là davantage d'une question de texte et de doublage, j'ai également un faible pour la narration du film, qui est réalisée avec un humour tout particulier, et racontée d'une manière très agréable et très distrayante. Un gros plus.

   Le point critique :

   Comme tous ceux qui regardent des films le savent, le point de départ "un individu comme tant d'autres avec une vie tranquille voit sa vie bouleversée d'une manière x ou y" a déjà été usé et abusé. Alors qu'est-ce qui fait d'Harold Crick un film à part qui me fait couiner comme une poulie rouillée ? Eh bien déjà, le personnage de base n'est pas vraiment un individu comme tant d'autres, ce qui porte le film dans la catégorie "un individu à vie pourrie voit sa vie changée par un truc complètement nouveau" (je sais que je brasse du vent, mais c'est ma chronique, je fais ce que je veux !) dans lequel on peut mettre par exemple The Mask.

   La première différence, donc, vient des personnages. Un agent du fisc, une pâtissière, une romancière toquée, un professeur de littérature... des personnages un peu décalés, présentés de manière très attachante, et mis en scène d'une manière qui évite les ornières habituelles du genre. J'en prends pour exemple la partie romance (parce qu'il y a une partie romance) où les deux personnages se tournent autour, et qui évite avec subtilité les pièges et les erreurs qu'on trouve dans la romance moyenne (ou les téléfilms de l'après-midi, mais je ne vous ai jamais parlé de ça).

   Secundo : il y a une Fender Stratocaster.

 Minute fanservice : voici une Fender (parce que hein, il en faut pour tout le monde).

   Troizio : l'audacieux mélange film / roman et fiction / réalité qui s'entremêlent, on ne sait plus exactement où commence l'un, et où finit l'autre. Mélange des genres, des styles, rendu plus homogène par la voix narrative qui relie les différents actes, et une construction du récit légèrement anachronique. Des petites scènes viennent s'intercaler entre les histoires respectives de Harold et Karen, apparemment sans aucun lien avec les autres, mais les scènes finales viennent leur donner tout leur sens, ce qui permet de bouleverser un brin le rythme de l'histoire et de lui donner un rythme irrégulier pas désagréable.

   Pour résumer : je trouve que L'incroyable destin de Harold Crick est un très bon film, malheureusement peu connu du grand public, et qui mériterait de l'être beaucoup plus. Une histoire originale, portée par de bons acteurs, écrite de manière touchante et plutôt habile, émouvante et agréable. Vous ne me verrez pas écrire ça très souvent, un film atrocement adorable qui me donne envie de câliner des chatons.

 Encore de la classe en barre (c'est pas que la taille qui compte...)

   Conseillé à qui ? Tout le monde. Tous ceux qui aiment les belles histoires, les films avec narration, les films sur les livres, les films drôles (parce que c'est drôle, aussi !), les films romantiques, et tous ceux qui veulent passer un bon moment.

   Note : 17,5/20 (un demi-point de plus pour La petite fille et la mer !)

   Et bonus musicaux !

 
Splat Stan ?

5 commentaires:

Andromed a dit…

Bon alors moi je dis "oui oui oui oui !" Stranger than Fiction est THE film of my life !

Helas je crois que mon trophée du chouchou revient à l'immense Emma Thompson, qui nous submerge tous de sa folie douce et de ses yeux bizarres ! (Mention spéciale à Maggie, qui a un de ces sourires à te retourner le cerveau...)

Par contre j'hurle contre toi Wilwy : pourquoi une note si basse ?? Pourquoi pas un 19 ? Des larmes de déception coulent sur mon visage !

Au fait : j'aime cette chronique !

Mando a dit…

Parce que pour avoir 19, il faut être encore un cran au dessus :D

Anonyme a dit…

Svp c'est quoi le titre de la chanson que joue Harold dans l'appartement de d'Ana ?

Nijichan a dit…

Whole Wild World de Eric Goulden ^^

Unknown a dit…

Coucou,

Pour ceux qui seraient éventuellement intéressés par la montre, elle peut se trouver
ici : http://www.priceminister.com/offer?action=desc&aid=1568917043&productid=790911171

J'ai adoré ce film également! Un rôle vraiment sympa pour Will ferrell ça change de ce qu'il fait d'habitude.....